Structures de la société kabyle

Publié le par kabyle

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Très anciennes et de type communautaire, les structures sociales et politiques, autrefois adaptées à des contraintes géographiques, économiques et historiques, ont perduré et inspirent encore les mouvements démocratiques d’aujourd’hui. Elles comportent plusieurs niveaux, dont lâarch, la « tribu », et jemaâ, l’« assemblée villageoise ».

On a décrit ci-dessus le relief du massif Agawa, découpé par de profondes vallées qui séparent des croupes surmontées de collines. À chacune de ces unités de relief correspondent plus ou moins précisément, chez les Igawawen comme 13. En 1930, cinq cent cinquante instituteurs étaient originaires de Kabylie [COLONNA, 1975]. ailleurs, sur les versants mêmes du Djurdjura ou en Kabylie maritime, des ensembles de communautés de plusieurs villages établis sur les croupes, éperons, voire replats ou flancs de coteau, dont les membres se disent descendants d’un ancêtre prétendument commun (et toujours d’homme en homme, à l’exclusion des femmes). Chacun de ces groupements tribaux était appelé lâarch, « tribu », dont tous les membres portent collectivement le nom : les « Untel », Aït ou At, « fils d’Untel » (Beni en arabe). Par exemple : Iflissen, Iouadiyen, At Iraten, At Âïssi, At Yenni… Autrefois – et encore aujourd’hui dans bien des cas –, les relations sociales, internes ou externes à la tribu, étaient le plus souvent représentées, voire organisées, sur le modèle de la parenté masculine, réelle ou fictive, les hommes se disant ainsi, entre eux, « frères ». En certaines – mais rares – circonstances, les leârach, « tribus », pouvaient réunir les représentants des assemblées des villages constitutifs (voire se regrouper en « confédération », qabila), mais c’était toujours de façon exceptionnelle et éphémère.

C’est pourtant ce type de groupements qui sont parfois réalisés aujourd’hui par les mouvements en voie d’organisation en adoptant des formes nouvelles de « coordination », sur des principes démocratiques inspirés de la tradition, mais dans des unités de groupement plus vastes, moins fractionnées que les villages et leurs assemblées. Il semblerait que ces nouvelles leârach se soient multipliées (sous la désignation arabisée de ourouch) dans maintes régions de Kabylie ou de ses marches peuplées de Kabyles. Les formes de groupement peuvent différer, s’adapter à de nouvelles réalités, mais les principes de démocratie représentative sont clairement affirmés, inspirés de la tradition.

Dans les petites villes de Kabylie, que les quartiers soient réellement lignagers et endogames ou qu’ils rassemblent des familles non apparentées, chacun d’entre eux se désignait le plus souvent sous le nom collectif d’un ascendant fictif. À leurs instances familiales revenait le règlement des affaires de droit privé. Désormais, il n’en est plus de même – du moins officiellement – puisque l’État gère les personnes individuellement. Pourtant, l’idéologie de la parenté, corollaire d’une fraternité égalitariste, demeure la référence principale, prête à resurgir pour justifier telle ou telle forme de solidarité ou de gestion d’ordre privé.

Publié dans Taqbaylit

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