"Il n’y a pas UN peuple amazigh, mais DES peuples amazighs"

Publié le par kabyle

ITW Président du MAK : "Il n’y a pas UN peuple algérien mais DES peuples d’Algérie"

Le Président du MAK a accordé une interview à Amnay Iflissen qui, s’étant vu essuyer un refus de la publier par sa rédaction, s’est adressé à d’autres rédactions qui, en raison de la solution d’autonomie pour l’ex Sahara Espagnol, ont elles aussi, gentiment repoussé la demande de publier.

Heureusement que nous avons le net où les ennemis de la liberté d’expression ne peuvent nous atteindre.

Bonne lecture

 

 

 

 

Interview censurée

 

"Il n’y a pas UN peuple amazigh, mais DES peuples amazighs"

 

 

Entretien avec Ferhat Mehenni

 

Comment expliquer à la jeune génération ce qu’est le 20 avril ?

Ferhat : La jeune génération a sa propre histoire et son glorieux « printemps noir ». Il est son repère et sa boussole militante. Il restera gravé en lettres de lumière et de sang dans sa mémoire. C’est en connaissant cet épisode de leur vie que les jeunes d’aujourd’hui seront amenés à se poser la question de ses origines, de sa genèse. Le simple fait de se demander pourquoi le printemps noir avait eu lieu à cette date précise, les amènera automatiquement vers le printemps berbère de 1980. C’est en effet dans le cadre des cérémonies commémoratives de ce dernier que Guermah Massinissa fut assassiné par la gendarmerie et que l’Histoire s’était emballée une fois de plus en Kabylie. Ainsi, le printemps noir est la suite plus dramatique du printemps berbère. La génération kabyle de 1980 avait brisé la peur de la prison pour sa langue et son identité, celle du printemps noir a fait voler en éclats la peur de la mort pour sa dignité. Comme les deux générations se donnent encore la main, la compréhension du printemps berbère par les jeunes kabyles d’aujourd’hui est d’autant plus aisée que leurs deux révoltes ont pratiquement les mêmes causes : le déni identitaire opposé par le pouvoir algérien au peuple kabyle.

 

Est ce qu’il y a eu un "avant" 20 avril 1980 ?

Ferhat : L’Histoire est une succession de causes et d’événements dont les derniers sont presque toujours conditionnés par ceux qui les ont précédés. Elle est quasiment linéaire. Imaginez une boule de neige qui roule de manière ininterrompue et vous saisirez la marche des peuples et du monde.

Bien sûr qu’il y avait un « avant » 20 avril 80. Il y a eu le soulèvement de la Kabylie contre le pouvoir algérien en 1963 sous la direction du FFS de Hocine Ait Ahmed. Et avant le FFS de 1963, il y avait la colonisation française, le Mouvement National et sa Crise berbère de 1949, la guerre d’indépendance et l’assassinat d’Abane Ramdane… Ce que l’on peut dire est que depuis 1962, la défiance entre la Kabylie et le pouvoir algérien est permanente. Un feu ne s’éteint entre eux qu’une fois un autre allumé. La Kabylie a besoin de reconnaissance pour ce qu’elle est. La lui refuser c’est la pousser chaque jour un peu plus vers l’extérieur du pays et c’est ce que tous les « présidents » algériens, de Ben Bella à Bouteflika sont incapables de comprendre et d’admettre, encore moins de réparer.

 

Qu’en est-il du 20 avril 1980 au 20 avril 2009 ? Quel chemin parcouru ?

Ferhat : Le 20 avril 1980 est un jalon de notre histoire. Ses revendications très timides étaient celles formulées en fonction des contraintes historiques de l’époque. A mesure que le temps passait, le MCB gagnait en audace jusqu’aux revendications de respect des droits de l’homme (1985), de démocratie (octobre 1988) et de tamazight langue nationale et officielle (boycott scolaire de 1994-95). Enfin, le printemps noir couvé par tous ces faits historiques a donné naissance à la revendication d’une autonomie régionale que la Kabylie n’est plus la seule à porter aujourd’hui, en Algérie. Chez nos voisins, au Maroc notamment, pour résoudre la question de l’ex Sahara espagnol et mettre un terme à la guerre qui y sévit depuis 1975, c’est la solution autonomiste qui est proposée et qui est en passe de triompher.

 

Quelles sont les actions qui doivent se faire encore afin d’atteindre l’objectif ?

Ferhat : Les seules actions à mener sont celles qui consistent à arracher notre autonomie régionale et faire en sorte que notre langue, sans avoir à l’imposer à qui que ce soit ailleurs, devienne langue nationale et officielle en Kabylie.

 

En conclusion, avez-vous un message à transmettre au peuple Amazigh ?

Ferhat : Je dis juste ceci : Il n’y a pas UN peuple amazigh, mais DES peuples amazighs, certes frères mais différents. Il n’y a pas UN peuple algérien mais DES peuples d’Algérie qui ont à coexister dans le respect et la reconnaissance de chacun. Si cela est inconcevable pour certains « Algériens », nous serons alors condamnés à vivre perpétuellement des « Berriane » de Maghnia à El Tarf et d’Alger à Tamanghasset.

 

Interview réalisée par Internet le 17 avril 2009

 

Publié dans Kabylie-politique

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